Il est possible d’avoir mal en l’absence de toute atteinte physiologique : c’est le cas, par exemple, pour les douleurs « fantômes » ressenties par des personnes amputées d’un bras ou d’une jambe. Ou pour les patients qui souffrent de douleurs persistantes : le cerveau mobilise un nombre croissant de neurones pour capter les signaux douloureux, et le moindre signal est amplifié démesurément. Un peu comme une alarme de voiture qui se déclencherait à la moindre petite brise.
Ce phénomène est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle quand on est atteint de névralgie pudendale. Mauvaise, parce qu’on peut continuer à souffrir alors que le nerf lui-même va mieux. Bonne, parce qu’il est possible d’agir contre la douleur chronique et ainsi, de réduire le niveau de douleur ressenti.
Comprendre le mécanisme de la douleur chronique
Quand elle s’installe dans la durée, la douleur aiguë enclenche le cercle vicieux qui alimente la douleur chronique :
• les muscles de la zone douloureuse (surtout le bassin pour la névralgie pudendale) se crispent par réflexe et deviennent douloureux à leur tour ;
• cette amplification de la douleur focalise l’attention du patient : « que se passe-t-il, comment supporter ça, quand cela va-t-il s’arrêter, etc. » ;
• l’anxiété monte en flèche : « si j’ai aussi mal, c’est forcément grave » ;
• le moral du patient chute et son niveau de stress augmente ;
• ce qui renforce l’attention du cerveau à la douleur, les crispations musculaires, etc.
Quelle approche thérapeutique ?
Les centres d’évaluation et de traitement de la douleur aident les patients à casser ce cercle vicieux en intervenant à tous les stades : suppression des réflexes de crispation, « défocalisation » de la douleur, élimination des facteurs d’anxiété, prise en charge du stress et de la dépression…
À titre individuel, le patient peut également agir en maintenant autant que possible ses activités physiques et intellectuelles, en dosant ses efforts pour gagner du terrain peu à peu, en gardant une vie sociale dans la mesure de ses possibilités, en apprenant à anticiper et à gérer les pics douloureux, en mobilisant ses propres ressources sans tout attendre de la médecine…
Ne pas se dire « je bougerai et je reverrai du monde quand je n’aurai plus mal » mais « je m’efforce de bouger et de revoir du monde pour avoir moins mal ».